TEMPÊTE DE CERVEAU DANS UN VERRE D'EAU  
  (voir vidéo)  
     
 

Qu'est-ce qui passe le mieux dans un oeil ?

Une photo noir pâle ou une photo noir foncé ? Une photosynthèse, son photomontage, ou sa photocopie ? Copie conforme d'un instant x, défilant plus vite que son ombre, pour seule finalité de laisser à l'impression, son meilleur profil, portrait exact de la tête à tous les pieds, inspectant chaque atome crochu, saisissant la parfaite expression de quoi ? Plaquée sur le papier LCD, la chimie opère à ciel ouvert, le numérique s'exaspère et peste en pensant au vieux négatif qui prétend faire impression positive dans chambre froide.

Flash back sur lumière artificielle, combustion du numéro atomique 12, dans l'atmosphère d'une bulle d'oxygène.

Témoin des couleurs, palette automatique du peintre, miroir intégral du feu rouge, du bleu turquoise, du jaune cocu et fier de l'être, de l'orange juteuse et du vert limité. Noir comme un trou noir, blanc comme un drap blanc. Gris comme un drap blanc dans un trou noir. La palette du peintre reproduite à la perfection en un clin d'œil.

En un clin de clic, contre-plongée dans un décolleté, immortalise les monts Vénus d'ailleurs. D'ailleurs ou d'ici, dissimulés en arrière plan les détails qu'on veut mettre en avant. Photo-roman, cliché phylactères muets, preuve d'une idylle fautive, transforme fantômes en fantasmes.

[Photo aérienne] Vue d'ensemble, vertige et grand air, image satellite ratisse la Terre, englobe le globe. Clic sur l'eau, dans le vent, dans le ventre, rayon ultraviolet, photographie écologique, entrailles de la vie, envie d'une pose à vie, baby-boom d'album de famille, mémoire de nos traces, fossiles du passage pas trop sage…

Focus sur une équipe de football, sur un flan à la fraise, sur une soupe de lentilles optiques ; indigestion de faisan plumé faisant moins le fier que le jaune d'œuf cocu ! Faisan capturé in extremis dans une montagne panoramique sauvage, plantée dans la campagne électorale.

Focus sur les murs de la ville… Pub de gomme baloune, pub de pantalons troués aux genoux, pub de pansements troués de partout, pub de cités, modèles des temps modernes.

Graffitis graffignés sur les murs, exposition ouverte à tous, flash lampadaire, signature de brique du voyou artiste en quête d'images pour nourrir son âme en quête d'instantané, tanné un instant d'avoir manqué le mât du bateau glacé, le taggeur au son du flic, prend ses cliques et ses claques.

Zoom sur l'image, racine carré de l'imagination.

Bousculades de pixels, ruée vers l'or, à la recherche du cristal d'argent - sens figuré de la réalité - contrairement au cerveau, l'œil ne filtre pas.

Qu'est-ce qui se rend le mieux au cerveau ? On n'a pas tous, le même objectif.

 
     
  © Marilia Dufourcq